Suivant mon envie folle de retourner dans ce sublime pays de l'Amérique du Sud, me voilà salariée au sein de l'association INCUPO à Resistencia (province du CHACO). Ce blog vous permettra de suivre mon travail ainsi que toutes les péripéties et découvertes qui adviennent durant cette aventure!

mercredi 5 mars 2014

L'eau à Pampa del Indio : Contexte et premières sorties terrain


Il faut déjà que je vous plante le décor. Durant la semaine du 10 février (je suis arrivée le 12 à Resistencia) s'est produit une manifestation.
Les aborigènes (qui pourtant d’habitude sont loin de chercher des conflits ou de protester) ont organisé un barrage sur la route 3 (Cf. carte ci-dessous) à côté de Pampa del Indio pour réclamer un meilleur accès à l'eau. 



     Il n’avait pas plu depuis longtemps et tout était sec :  étangs, rivières, puits, lagunes…plus rien. Le gouvernement ne prend aucune mesure pour améliorer l’accès à l’eau chez les habitants mais a pris l’habitude d’envoyer des camions d’eau potable (bonjour le gaspillage d'essence) dans les villages ponctuellement. Sauf que là, ils n’ont rien envoyé…
Parallèlement à cela, les municipalités arrosent régulièrement les routes de terre battue pour les aplanir. On se demande où sont les priorités...

Du coup les aborigènes se sont rassemblés pour protester. Imaginez, plus d’eau du tout, les gens mourraient de soif et ne pouvaient ni se laver, ni laver leur vêtements, ni légumes,...rien. Et il se trouve que la manifestation s’est mal passée…Les forces de police sont intervenues, il y a eu des blessés et des aborigènes de 14 ans (incompréhensible qu'ils soient là Oo) étaient sur place. Les blessés côté aborigène ne se sont pas rendus à l’hôpital, de peur de se faire prendre par la police une fois là-bas. Heureusement ils ont un centre de soin à eux mais pas aussi bien équipé... Plusieurs d’entre eux ont été arrêtés par la suite et détenus pendant plusieurs jours dont certains qui n’étaient même pas sur place le jour de la manif… 



Tout ça je l'ai seulement appris lors de mes premières réunions avec mes collègues, la semaine qui a suivi donc. J'ai même pu voir dans le journal "El Norte" (qui se range très souvent du côté du gouvernement), la page suivante : 


 

Traduction : "Le gouverneur (Juan Carlos Bacileff Ivanoff, de la région Chaco) a dénoncé une attaque ayant blessé des policiers à Pampa del Indio. Il a également reçu des menaces dans la localité de Castelli."

Lorsqu'on lit l'article on s’aperçoit qu'il y a plus de paragraphes consacrés aux nombres de policiers blessés qu'aux raisons de la manifestation en elle-même. Rien n'est dit sur les conditions de vie des aborigènes. "Les aborigènes réclament assistance" , c'est tout...


Le lundi 24, me voilà donc partie, avec toutes ses infos en tête, à Pampa del Indio. Ma collègue Isabel est venue me chercher à l'agence et nous sommes parties dans le pick-up :P avec des voisins à elle qu’elle devait ramener (covoiturage intensif ^^). C'est avec elle que je vais travailler le projet "eau". Une fois arrivées à Pampa, nous avons fait une petite réunion les deux pour se mettre d’accord sur la stratégie à adopter, l’objectif du projet, comment procéder durant toute l’année, …etc. J’ai posé mes affaires dans la chambre à l’étage dont mon sac de voyage  violet (merci BIOTOPE ^^), par terre (détail important pour la suite).

Nous sommes allées manger chez Diana et Diego qui habite à Pampa del Indio comme Isabel. Diana est super, elle a un tempérament de feu : elle a des convictions fortes et lutte de manière impressionnante pour faire entendre ses convictions. Ils sont jeunes tous les deux mais bossent depuis un certain temps déjà avec les aborigènes. Ils ont un petit chat trop mignon! Ils l’ont récupéré tout maigre et tout faible. Elle est toute mimi maintenant. Diego nous a fait une pizza de fou, jamais mangé une aussi bonne (pâte à pizza maison :P). Isabel m’a ensuite ramené à l’agence. Le lendemain allait être chargé car nous partions à 8h pour aller voir plusieurs familles d’aborigènes.

Je m’apprête à prendre ma douche, je retire mes lentilles et je vais chercher mon sac violet, par terre…Et là, avec ma myopie de merde, j’ai vu une espèce de tache marron sur mon sac bougée dans tous les sens. Je chope vite mes lunettes : un cafard énorme horrible !! baaaaaaaaaaaaa. Du coup que mon sac était resté ouvert, j’enlève les affaires une à une de mon sac…il y en avait deux autres en train de farfouiller !!!!
J’ai pas pu dormir^^, j'ai laissé la lumière allumé pour ne pas qu’ils reviennent. Moralité : ne jamais laisser son sac à terre, ça attise la curiosité d’insectes rampant pas très sympa…

Le lendemain, nous voilà parties pour la communauté Qom de Campo Nuevo, il faut au moins un quart d’heure à travers la forêt pour l’atteindre. On a en profité pour que j’apprenne certains arbres. Il existe un arbre aux fleurs jaunes, le « Bidjikk » (en phonétique car c’est du langage Qom), qui ne fleurit que lorsqu’il s’apprête à pleuvoir. Et là, il était en fleur celui-là. Il faut savoir que s’il pleut c’est la grosse ***** car les routes de campagne sont en terre battue et lorsqu’il pleut, c’est un coup à ne plus pouvoir contrôler le véhicule et se retrouver dans le décor ou à s’embourber et ne plus pouvoir sortir. Donc on se dit, pourvu qu’il ne pleuve pas tout de suite lol. On fait 500m, des gouttes sur le pare-brise !
Bon ben, on rentre.

Du coup nous n’avons pas pu les voir le matin, il n'a pas cessé de pleuvoir des rabasses. Isabel a invité une de ses voisines à manger le midi et nous avons fait des empanadas ensemble. Faut que je m’améliore, c’est pas encore ça ^^.
L’après-midi, sieste…moi j’arrive pas perso… Du coup je bosse^^, je lis de la biblio. Mon coordinateur Alberto est arrivé vers 5h pour nous accompagner chez les aborigènes dans la soirée. Nous avons pu rencontrer une famille enfin ! Il n’a pas plu, et j’ai cueilli quelques feuilles et gousses en chemin pour faire un herbier ;)
Ils sont très sympas, pour l’instant je n’ai vu qu’un couple avec leurs enfants qui jouaient à droite à gauche autour de leur maison. Ils sont très... tranquilles : j’ai observé mes collègues pour voir comment ils géraient la conversation et ils m’avaient un peu prévenu, les convers sont très lentes, il y a énormément de silence mais c’est normal, c’est leur façon d’être, ils vivent complètement au rythme de la nature. C’était assez surprenant, même frustrant au début, mais on s'y fait ^^

Ce jour-là, la police n’avait encore donné aucune information sur le commissariat où avait été emmené les 5 détenus en question, suite à la manifestion (dis "Corte", pour coupure de la route 3). Aucune nouvelle d’eux pendant plus d’une semaine… dont cette fameuse semaine où nous nous sommes rendus à Campo Nuevo. Le sujet de l’eau était donc difficile à aborder.


Le mercredi, nous n’avons pas pu aller voir les autres familles non plus, re-pluie de fou le matin. Le soir était consacré à une réunion pour bien organiser le projet avec Isabel mais aussi avec Alberto et Araceli cette fois, voir s’ils étaient ok et en parler un peu jusqu’à arriver à un emploi du temps pour toute l'année. Je me suis chargé de faire un calendrier, ils étaient contents J

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